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  • Photo du rédacteurLoïc Bonjean

Le lézard et la sorcière - Partie 2 (conte therapeutique)

Voici la deuxième partie de mon conte ...


Edmond ne se rendit compte de rien au début, puis il constata des moqueries, il éprouva des difficultés pour faire comme les autres petits lézards. Et il eut effectivement petit à petit le pressentiment qu’au delà de sa différence physique, il portait en lui une mission qui le rendait tout aussi distinct dans ses aspirations et sa vision du monde.


Au fil de son adolescence il oublia son enfance et le message de la sorcière. Il apprit à se servir de son don de caméléon pour s’adapter à sa famille, aux autres lézards, aux circonstances. Il ne voulut pas voir ce don comme un cadeau mais plutôt comme une fatalité. A force de s’adapter il s’oublia et parti dans la vie reproduire à son tour une belle vie de lézard, fonder une famille, chasser les insectes sans relâche, accumuler les biens et se faire reconnaître par ses pairs.


Et plus il s’adapta et plus il s’oublia, il eut l’impression d’être heureux et que tout allait bien. Il ne fit pas cas de ses angoisses, il ne voulut pas voir sa différence d’âme trop occupé à essayer de correspondre à un bon petit lézard.


C’est alors que la sorcière lui fit de nouveau un signe.


Un jour alors qu’il se promenait dans une clairière, pris dans ses pensées, il s’arrêta brusquement. D’un coup il entendit le bruit des feuilles qui semblaient lui murmurer des secrets au rythme du balancement des arbres sous le léger vent. Il senti l’air tiède sur sa peau qui le caressa et le fit frissonner, il huma l’air chargé de fragrances qui éveillèrent encore plus ses sens … C’est comme si le temps se figeait et que des voix parlaient à son cœur, qu’il vibrait avec l’énergie de la terre et de la nature environnante, qu’il se sentait faire partie du Tout comme d’une évidence.

C’était merveilleusement bon.


Dans une clairière ...

De cela il ne parla pas. Il pleura beaucoup devant tant d’émotions. Il ne le sut que beaucoup plus tard mais ce fut la manière pour la sorcière de lui rappeler ses trois quêtes et de lui montrer en un instant d’éternité la beauté de son âme et la beauté de la vie.


Il essaya d’abord de minimiser, de se dire qu’il avait rêvé, que ce n’était rien. Mais ce qu’il avait vécu était bien trop fort et sa conscience alertée ne lui laissa plus aucun répit.

Tant bien que mal, Edmond commença ses quêtes.


Il eut fort à faire pour accepter sa dissemblance. Ses capacités de caméléon lui avaient offert la capacité de s’adapter aux autres et aux circonstances, ce qui lui avait été bien des fois utile. Il ne savait pas en fait qui il était vraiment…

Ni tout à fait lézard, ni tout à fait caméléon, conscient de son altérité bien que faisant tout par ailleurs pour se fondre dans la masse.


Sa première quête fut donc d’accepter sa différence et de voir tout ce qu’elle lui apportait.


Il entra en révolte contre sa famille et contre sa vie d’avant, reprochant aux autres et aux circonstances de s’être ainsi perdu, d’avoir dû cacher au très profond de lui-même ses aspirations et le sens de sa venue sur la terre.


Puis il se rendit vite compte qu’il faisait preuve d’une extraordinaire empathie envers les autres et d’une grande sensibilité. Enfant il n’avait pas trouvé les ressources pour assumer ce qu’il portait et il s’était de lui-même emmuré.

Alors qu’il se perdait dans l’autre il apprit petit à petit à faire la part des choses et à ne plus s’y mélanger, à ne pas confondre compréhension et oubli, l’oubli de soi.


Devant lui s’offrait tout un monde de découverte et à chaque victoire quand il s’écoutait et osait affirmer son Soi, il avait l’impression de grandir et de prendre sa place dans le grand Tout de la vie.


Sa deuxième quête fut de se réconcilier avec son histoire, et d’intégrer qu’un lézard a toujours le choix, parce que justement il doit expérimenter la vie et son libre arbitre pour trouver son chemin. Ce fut bien sa décision de venir sur Terre et de naître dans une famille, de prendre toutes ces voies détournées et de s’oublier pour mieux se trouver, de commettre des erreurs et de se tromper.


Accessoirement il se rendit compte que cela est vrai pour tous les lézards, ses parents comme ses proches et aussi tous ceux de passage dans sa vie … Le bien et le mal prirent une tout autre dimension, ce devint des jugements à l’emporte-pièce, mais à l’aune de la Vie tout n’est qu’expérimentation pour se découvrir. Le bien de l’un peut être le mal pour un autre, et tout autant une mésaventure peut nous apprendre énormément, un échec nous ferme des portes mais nous en ouvre d’autres …


Ce qui compte c’est le regard que l’on porte sur ce qui nous arrive et ce que l’on en fait …


Suite et fin la prochaine fois ...

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